Le Misanthrope
L’Infini Théâtre
2
Déc
Classique revisité, Théâtre classique
samedi 2 décembre 2017 | 20:30
Le Misanthrope n’aime pas Facebook. (L’avenir, 10 octobre 2017)
Dans son salon rose virtuel, la coquette Célimène (Laure Voglaire), reçoit des dizaines de jeunes prétendants. Sur son iPhone, ce sont des centaines de marquis de pacotille qui se disputent les faveurs de la belle, sous les yeux désespérés d’un Alceste se refusant obstinément à jouer le jeu des réseaux sociaux. Alceste, le sincère, n’aurait jamais dû tomber amoureux de la fille la plus en vue des réseaux sociaux. Mais le cœur a ses raisons…
Le Misanthrope de Molière adapté aux réseaux sociaux, le coup de génie de Dominique Serron. (La Libre, 6 octobre 2017)
Certes, chaque pièce de Molière, pour peu que la mise en scène l’actualise, rappelle l’éternelle modernité du grand dramaturge. Mais lorsque Célimène, sensorielle et captivante Laure Voglaire, affiche sa page Facebook et guette fébrilement ses “like”, cette contemporanéité explose au regard. Celui des autres avant tout, tellement prégnant dans “Le Misanthrope”. Car de quoi nous parle cette pièce sinon des rapports sociaux à l’heure où les réseaux se montraient moins virtuels ?
Le Misanthrope : Molière à l’ère des réseaux sociaux. (rtbf.be, 10 octobre 2017)
Démodé, Molière ? Souvenir d’école poussiéreux ? Dominique Serron et son Infini Théâtre nous démontrent tout le contraire. Et pourtant, pas une virgule du texte n’a été modifiée, et les comédiens s’approprient les alexandrins de l’auteur avec une diction parfaite digne du Grand Siècle. Par quelle magie les étudiants assis à mes côtés ce soir-là ont-ils quitté la salle avec des étoiles dans les yeux ?
On savait Molière impérissable mais de là à brancher « Le Misanthrope » sur WhatsApp ! La version de Dominique Serron est connectée aux réseaux sociaux. (Le Soir, 3 octobre 2017)
Molière résiste décidément à tout. La preuve avec Le Misanthrope , comédie en cinq actes écrite en 1666. Sous la houlette de Dominique Serron en 2017, ses salons précieux se muent en communauté Internet, sa prosodie chantonne au diapason des tweets, son accessoire principal devient le GSM et son intrigue alimente une « story » (Instagram). (…)
Bref, la mise en scène s’empare allègrement des écrans pour démontrer que l’hypocrisie et la superficialité de notre ère virtuelle n’ont rien à envier aux précieuses ridicules du XVIIe siècle.
Bien sûr, les salons précieux sont aujourd’hui dématérialisés sur la toile de l’internet, le « bel esprit » s’expose en 140 caractères maximum sur twitter, la fièvre mondaine s’étale sur facebook. Tout semble si différent mais rien n’a changé, la satire de Molière face à une société qui s’expose et trahit n’a rien perdu de son actualité.
Pauvre Alceste, de quel monde sommes-nous complices ?
Tu dénonces l’hypocrisie et le culte de l’apparence, ne voyant partout « qu’imposture, intérêt, trahison, fourberie ». Tu revendiques simplement un idéal de droiture réclamant loyauté, honnêteté et transparence des cœurs !
Cette rectitude pousse ta franchise jusqu’à la brutalité. Antipathique, mais comique, tu t’enfermes à jamais dans le redoutable rôle du Misanthrope.
Mais cela ne suffit pas encore à ta détresse !
Tu as aussi la faiblesse d’être épris d’une jeune femme qui rassemble autour d’elle un essaim de courtisans. Reine du bel esprit, elle s’affirme brillante, libre et indépendante mais aliénée au profil de la coquette ! Elle a pourtant bien dit qu’elle t’aimait mais, tragique, tu veux plus, tu veux tout !
Un texte où l’hypocrisie joute avec les valeurs morales, la justice, l’authenticité et où l’indécence ne recule devant rien pour se rapprocher du pouvoir.
Une partition magnifique que ce Misanthrope !
Créé en octobre 2017 par l’INFINI Théâtre en coproduction avec l’Atelier Théâtre Jean Vilar, en accueil au Studio Thor, avec le soutien du 210, avec le soutien de la Fédération-Wallonie-Bruxelles, du SPFB et de la Loterie Nationale.
< Mise en scène : Dominique Serron < Assistante : Florence Guillaume < Distribution : Patrick Brüll ou Laurent Capelluto (Alceste), Alexia Depicker (Arsinoé et Eliante), Vincent Huertas (Oronte et les Marquis Virtuels), François Langlois (Philinte) et Laure Voglaire (Célimène) < Création vidéo : Abdel Elasri < Set Design : Manon Meskens < Création costumes : Chandra Vellut < Création lumières : Xavier Lauwers
Un article élogieux dans Le Soir : Le Misanthrope, Molière en vers et compte Twitter
Présentation par Dominique Serron et Patrick Brüll.